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12 décembre 2009

Micmacs à Tire-larigot

J’avais déjà vu Delicatessen, Alien la résurrection, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain. Et maintenant Micmacs à tire-larigot. Du Jeunet pur jus. Une image immédiatement identifiable, une lumière qui n'appartient qu'à lui : ce n'est pas une critique, bien au contraire, on sait dans quel univers on pénètre.
Prendre du plomb dans la cervelle, ça te parle, chère lectrice, cher lecteur ? Et ben Bazil il l’a fait pour de vrai. Pas exprès bien sûr. Non. Une fusillade dans la rue. Une balle perdue. Et Bazil sur le pas de son magasin. Au milieu du front. Il manque en mourir. Son père lui est bien bien mort. Une mine. Un démineur, des fois, ça s’envoie en l’air. Façon puzzle.
Alors Bazil perd tout. Boulot et maison. Essdéhèff. Et trouve une famille d’accueil, une troupe d’hurluberlus, une cour des miracles de petites gens qui se serrent les coudes pour mieux vivre en marge sans compte à rendre. Un petit coin de paradis au cœur de la ville. Au cœur. Vraiment. Sous la décharge. Sous un immense tas de ferraille, une maison troglodyte, creusée dans les déchets, une caverne d’Ali Baba. Vivent là Remington collectionneur d’expressions française, Calculette qui calcule et mesure tout, Fracasse champion du monde d’homme-canon, Placard coupable incoupable qui tient tête à Guillotin, la Môme Caoutchouc contorsionniste amoureuse, Petit Pierre mécano génial inventeur d’automates inutiles, et Tambouille mère nourricière de ce petit monde.
Solidarité et récup, les deux moteurs de cette association de désadaptés finalement inadaptés, récup et solidarité, la dernière richesse de cette troupe de désintégrés inintégrables – ha ha, t’as compris le double sens chère lectrice, cher lecteur – l’ultime valeur humaine et les rebus sans valeur derniers remparts contre la dissolution dans la misère et l’oubli, de soi-même, de et par les autres.
Froid. Ça se mange froid. Paraît-il. Le hasard se mêle de la partie, et la vengeance pénètre l’esprit de Bazil, jusqu’alors préoccupé de son lendemain. Et le réchauffe. Lui réchauffe le cœur et l’esprit. Lui donne un but.
Le hasard – ou la nécessité, c’est comme tu veux – décide de s’amuser : Bazil tombe en panne de triporteur au pied des deux immeubles abritant les deux fabriques d’armes qui ont fait son malheur, la mine parricide et la balle cérébrale. Et la frustration l’emporte sur son humilité et sa personnalité effacée, face à ceux qui ont désorienté sa vie. Bazil trouve les ressources, et l’aide de sa nouvelle famille, et forge une vengeance en douceur, sans violence : on ne répond pas à la violence par la violence. Non. Manipuler, dénoncer, décrédibiliser, montrer la vraie réalité des armes là où elles servent. Leçon moralisatrice : la guerre c’est pas beau, s’enrichir en vendant morts malheurs blessures handicaps c’est pas bien. Et alors ? C’est vrai. Naïf, mais vrai.
Ce film est bourré de trouvailles de toutes sortes, visuelles ou scénaristiques, dialogues, clins d’œil. Ma préférée : la balle facétieuse fait encore des siennes et Bazil part dans une petite rêverie : Rolland-Larqué, la doublette légendaire, commentent un match de foot, rien de vraiment onirique - plutôt cauchemardesque le foot, sa dernière actualité, cette main involontaire miraculeuse ou opportune, nous rappelle cruellement qu’argent et honnêteté sont incompatibles, les profits justifiant toutes les tricheries - du foot avec de nouvelles règles : une mine est cachée sous le terrain, quelque part, roulette russe à l’arme de guerre, publicité cynique et lucrative. Et boum ! Éparpillé le footeux. Comme papa. Façon puzzle. Toujours le passé nous hante, et se rappelle à nous à la moindre défaillance.
Va chercher bonheur, va voir ce film, chère lectrice, cher lecteur, tu passeras un très bon moment. La distribution est superbe, ils sont tous très bons, même et surtout DB que l’on oublie, que l’on ne voit plus derrière le personnage de Bazil. Film réjouissant, rieur, enjoué, hymne à la simplissitude – comme dirait la grande asperge au centre de sa nombrilitude – célébration de la solidarité, conte de la revanche des petites gens, robindesboiserie à titre personnel, éloge de la vendetta sans violence, donquichoterie couronnée de succès : nous en avons rêvé, ils l’ont fait…

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Commentaires
V
c'est vrai qu'il parle bien...et il a raison, quel petite merveille de film, une gourmandise à laisser fondre sous la langue....
E
Quel talent pour décrire des personnages et des émotions! Ça donne envie d'aller voir le film.....
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