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8 mars 2010

Sur la route de Madisson – Clint Eastwood

Il y a quelques jours nous avons revu avec grand plaisir ce très bon film de C. Eastwood.
Maman vient de mourir, et sa fille et son fils sont dans sa maison, pour régler les derniers détails. Dans une boite ils trouvent un carnet écrit de sa main. Elle y raconte quatre jours de sa vie, quatre journées extraordinaires. Le titre pourrait en être Coup de foudre à Nowhere-Hill.
Francesca vit dans une ferme de l’Iowa une vie monotone, coincé entre un mari inattentif, bourru, amoureux quand même sans savoir le montrer, deux enfants à élever, la maison à tenir, le voisinage à gérer, captive de son sens du devoir et des conventions sociales.
Alors qu’elle est seule à la ferme pour quelques jours, mari et enfants partis pour la foire locale, un cavalier solitaire gare son vieux pick-up devant la maison et demande son chemin. Et la magie commence. Elle l’accompagne. Cette première scène ensemble est incroyable : ensemble dans ce pick-up, il est volubile, elle est timide, ils fument des cigarettes, et la gêne entre eux est déjà là.
Tout doucement au fil du film, ils se rapprochent, jusqu’à cette scène superbe pendant laquelle ils dansent ensemble.
Le slow qu’ils dansent dans la cuisine est une scène magnifique. Ils dansent lentement, se regardent, s’effleurent du regard et pas encore des lèvres, sans timidité, retardant l’instant du premier baiser, en sachant qu’il aura lieu, et qu’ils iront plus loin ensuite. Ils dansent, dansent encore, et la scène dure et dure encore, longuement. Elle marque le contraste entre la vie quotidienne de Francesca, fermière au milieu de nulle part, coincé entre mari, enfants, corvées domestiques, vie rythmée par ces obligations, s’oubliant elle-même à travers cet idéal américain de perfection ménagère imposé par le dictat du qu’en-dira-t-on bien pensant, et cet instant unique de son existence, ce moment de sensualité et d’amour effaçant tout, ce slow comme un aboutissement après des heures d’approche, d’observation et de connivence, tout en retardant autant que possible l’instant qui tiendra les promesses inavouées, ce slow comme le premier contact physique, premier pas vers l’interdit franchi, avant l’empire des sens, l’évidence de ce qui suivra.
Cette parenthèse dans la vie de Francesca aura duré quatre jours. Sa famille revient à la ferme. Il est déjà reparti. Retenir ses larmes. Faire bonne figure. Et reprendre la vie comme avant.
Les enfants de Francesca, découvrant le récit de leur mère, passe au fil du récit de la colère et de la révolte à la compréhension, mesurant l’étendue du drame de leur maman, qui a laissé partir l’amour de sa vie pour l’amour de sa famille : quelle que soit la manière d’envisager son avenir à ce moment-là, tout choix lui est un sacrifice, sacrifice de sa famille si elle part avec son coup de foudre, sacrifice de son nouvel amour si elle reste dans sa ferme avec mari et enfants. Elle choisit de rester avec sa famille, de garder ce merveilleux souvenir enfoui au secret de sa mémoire. Et d’élever ses enfants, d’accompagner son mari, tout au long d’une vie tranquille, sans aspérité certes, mais sereine et heureuse.

Un mot des interprètes : Eastwood, réalisateur de ce film, est excellent derrière la caméra, et excellent devant aussi. Et Meryl Streep est superbe. Deux grands acteurs.

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