Premier avril
Nous sommes le 1er avril 2010. L’information importante n’est pas la mention de l’année.
Rasé de frais, mais encore un peu sommeilleux, le nez dans les effluves de mon thé matinal, j’écoutais la radio, selon un rite quasi immuable, réservé néanmoins aux matins chagrins qui m’envoient gagner la croute quotidienne cinq fois par semaine – comme beaucoup, je n’ai pas besoin de travail, j’ai seulement besoin d’argent, maintenant que ma subsistance passe par l’achat de biens et plus par le labourage de mon champs, mais je ne gagne pas au loto, et pas d’héritage en vue, alors, au travail. J’écoutais la radio, donc, France Inter pour ne pas la nommer – un peu de pub au passage, non rémunérée je te rassure chère lectrice, cher lecteur, mais il faudrait que je me pose la question de la pub sur ce blog, l’argent rentrerait tout seul… Hein ??!!! Faut pas rêver ?? T’es sûre ? T’es sûr ? J’ai peur que tu aies raison, ça ne marchera pas. J’écoutais la radio, donc, France Inter, infos du matin, tous les malheurs du monde pour m’aider à digérer mon petit déj – faut être con pour s’infliger la double peine au petit matin : se lever pour aller travailler et écouter les infos à la radio, mais y’a pire, certains les regardent à la télé, la viande sur les murs du métro de Moscou et la tartine qui trempe dans le bol de cacao. J’écoutais la radio, donc, et une info retint mon attention particulièrement : aujourd’hui est instaurée et mise en place une taxe écologique dans quelques départements pilote, à l’essai pour quelques mois. Curieux, me dis-je, la semaine dernière une taxe écologique, la taxe carbone, était enterrée, et une autre apparaît aussitôt. Une taxe sur le méthane produit par les vaches. Sur l’instant, rien ne me choque, rien de bizarre, le sujet des pets de vaches ayant déjà été évoqué, des scientifiques très sérieux ayant même calculé la contribution des bovins à l’émission générale des gaz à effets de serre. Journaliste sérieux, ton habituel entre condoléance et annonce de cancer, interview d’un éleveur sur place, intervention d’un spécialiste pour nous expliquer l’installation d’un petit capteur au cul des vaches, juste sous la queue exactement, à nouveau l’éleveur qui râle, encore, et le journaliste de conclure avec gravité. Normal. Tout semblait normal. Mais juste avant de passer au sujet suivant, le journaliste précise, finaud, benoit, patelin : je vous rappelle que nous sommes le premier avril ; et passe à la suite l’air de rien…
Excellent !