Dix-huit millions

Le patron de ma boite, le pédégé himself, a décidé de diminuer la somme attribuée aux primes annuelles des cadres, les gros gros cadres, trois mille deux cents gugusses en tout, ce qui n’est que justice quand nos salaires, nous les douze milles autres collaborateurs, sont gelés pour l’année, crise oblige. De plus de quarante, c’est maintenant dix-huit. Millions. D’euros.
Crise oblige, encore, notre big boss, le pédégé himself, a décidé un plan d’économies, mais pas d’importe quelles économies : structurelles qu’elles sont, celles-là, étalées sur deux ans. Structurelles, j’ai bien peur que ça finisse par nous concerner, nous les douze milles autres collaborateurs. Et d’ailleurs déjà une centaine de postes va être supprimée…
Dix-huit millions d’euros ! Quel dommage qu’ils (nos cadres dirigeants) n’aillent pas jusqu’au bout du processus en ne prenant aucun bonus cette année : cent cinquante millions d’économie structurelles, diminués de dix-huit millions de bonus non versés, et nous voilà déjà à cent trente deux millions d’économie restant à faire ! Et s’ils y renonçaient encore l’année suivante, encore quelques vingt millions, et plus que cent dix millions à économiser, structurellement bien sûr ! C’est pourtant facile, une bête soustraction… Trop facile… Ou plutôt pas assez compliqué pour nos décideurs trop instruits… Mais il reste qu’un tient vaut mieux que deux tu l’auras, ou ce qui est pris n’est plus à prendre, ou encore charité bien ordonnée etc., etc.… Cessons là l’ironie et la dérision. Il reste que les millions valsent, tourbillonnent ! Et que des emplois vont quand même disparaître.
Petit calcul : dix-huit millions d’euros, c’est cent SMIC pendant sept ans. De quoi passer la crise, qui ne durera certainement pas aussi longtemps. Les quelques cent personnes concernées par les suppressions de postes annoncées dans la presse apprécieront l’état d’esprit de nos dirigeants et leurs priorités, surtout vis-à-vis de la « responsabilité sociale » du groupe, tant vantée par notre pédégé adoré.

Comments

[freddy lorraine]

c'est bien ce qu'on ressent depuis quelques temps: nous sommes revenus à l'ancien régime: gouvernés par Louis XIV, il est normal que ses sous fifres suivent son exemple...t'as fait le calcul de ce qu'aurait représenté les 40 millions qu'ils voulaient s'octroyer?...de quoi ne plus dormir!

[eve]

je te conseille la lecture du billet de Jean Claude Guillebaud en dernière page du télé obs paru hier, il y parle de ces sommes si énormes qu'elles n'ont plus de mesure au sens littéral du terme! Si tu ne l'as pas je te le prêterai.... Édifiant....