Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Capharnablog
Derniers commentaires
Archives
Capharnablog
16 novembre 2009

Mikhail Baryshnikov - Opéra de lyon

Et oui, nous étions encore à l'opéra vendredi soir - c'est le hasard de notre abonnement qui nous fait y aller si souvent en ce début de saison, notre prochain spectacle sera maintenant dans un mois et demi. Nous avons vu danser Mikhaïl Barychnikov et Ana Laguna, mais il est vrai que nous y sommes allés pour Barychnikov, légende vivante que nous ne pouvions rater. Légende vivante ? En fait je ne suis sûr de rien, il me semble qu'on peut le considérer ainsi, vue sa notoriété. Et aussi au nombre impressionnant de jeunes danseuses et danseurs présents hier soir à l'opéra - c'est sûr que la moyenne d'âge était bien plus faible que dimanche dernier pour le récital de JVD - qui étaient plus qu'enthousiastes – hystériques oui – lors des trois rappels.
Nous n'avons pas compris grand chose à ce que nous avons vu, c’est vrai que nous ne connaissons rien à la danse, ça n’aide pas à aborder la chose. Mais c’était beau. Des quatre pièces qui nous été présentées, une était très évocatrice même pour des novices comme nous : Mikhaïl Barychnikov entre en scène et danse, rien que de très normal me diras-tu, chère lectrice, cher lecteur, puis le fond de scène s’illumine et un film est projeté ; c’est encore Barychnikov, qui danse ; et le vrai, sur scène, danse avec lui, imitation, réponse, fin de phrase ou fin de mouvement. Puis le Barychnikov virtuel rajeunit brusquement, un recul d’au moins quarante ans, il est dans une salle de danse et pour la caméra enchaîne des difficultés – oui des difficultés, je le sais, je me suis promené sur la toile pour en apprendre un peu plus sur le prodige qu’il était à quinze ou dix-sept ans – enchaîne des difficultés disais-je, avec une effarante facilité… Et le vrai, sur scène s’élance pour refaire le saut, l’entrechat, le double entrechat, la pirouette interminable, trois quatre cinq six tours, et puis non, renonce, les années sont bien là, le poids des ans – le poids qui te tiens au sol, cette pesanteur inéluctable dont tu te jouais, qui n’avait pas prise sur toi quand tu la défiais et la dominais – Ô Barychnikov suspends ton vol devait être ta devise – le poids des ans freine tes élans, le défi est vain maintenant, être, avoir été, tu connais la chanson, vieux sage – le poids des ans l’arrête, inutile de défier le temps, on ne revient pas en arrière.
Alors que nous sortions de l'opéra à la fin du spectacle, j'ai entendu derrière moi deux messieurs très élégants et très ventripotents – c’est un délit de profil, c’est vrai, mais ils avaient l’air de n’avoir pas fait de danse depuis très longtemps, s’ils en avaient jamais fait, ou tout autre activité sportive un peu intense : ouais c'était pas mal surtout Ana Laguna, parce que franchement, Barychnikov, c'est vraiment plus ça, il se traine sur scène, ça méritait sûrement pas une standing ovation. Étonnant cette capacité qu'ont les médiocres à critiquer d'une manière lapidaire, tranchante, acérée et sans appel un gars qui a été le plus grand danseur - à tout le moins l'un des trois plus grands avec Nijinski et Noureev - du siècle dernier, et sûrement le plus grand danseur sexagénaire : certes je n'ai aucune connaissance en danse, sa technique et ses codes, mais ce que nous avons vu ce soir était élégant, fluide, précis, ce qu'il était il y a trente ans est toujours là en filigrane. La grande classe toujours en mouvement.

Publicité
Publicité
Commentaires
V
Sourire radieux : c'est l'image qui me restera aussi.
C
J'ai assisté au même spectacle, le même soir. Ce que vous dites est très juste. J'ai fait quinze ans de danse classique mais je n'aurais pas dit les choses mieux que vous. Certes, on n'a pas vu le virtuose classiue. Mais quelle présence, quel charisme et quel fabuleux interprète! Paradoxalement, c'est quand le rideau esttombé que j'ai été le plus émue. J'ai enfin pris conscience que je venais de voir celui qui me fascine dès mon plus jeune âge. Un artiste généreux offrant un sourire radieux à son public
Publicité